lundi 6 février 2012

déroutant doodle Truffaut


J'aime les belles choses inutiles, autant pour leur beauté, que pour leur absence manifeste d'utilité, ce qui leur confère une certaine noblesse artistique. Les doodles de google en font partie. Il s'agit de ces petits logos constituant parfois la majeur partie de la premier page du fameux moteur de recherche, et qui peuvent évoluer au fur et à mesure des évènements du calendrier à l'instar d'un 200ème anniversaire de Charles Dickens.

Celui qui me fait réagir c'est celui consacré au 80ème anniversaire de François Truffaut, monument de la nouvelle vague et du cinéma hexagonal. Ce doodle, premier d'un triptyque, présente une image d'une beauté formelle et d'une force artistique évidentes. Ce qui motive mon ressentiment ne concerne pas l'esthétique, mais l’inadéquation de celui-ci avec ce que représente pour moi ce grand personnage. J'ai ainsi passé plus d'une minute à tenter de deviner l'objet de ce petit logo.

Suis-je devenu un vieux schnock, ou alors le personnage de François Truffaut est-il devenu si mystérieux pour les nouvelles générations. Et pourtant symboliser Truffaut était assez simple: Truffaut est l'homme qui a fait redécouvrir Hitchcock à travers des entretiens, qui a inspiré Spielberg dans rencontre du troisième type, qui popularisé la notion de nuit américaine, qui a lui-même tant aimé les femmes, qui a si bien décrit la révolte de l'enfance, qui a mélangé l'image et l'écriture, et qui a tant aimé le cinéma pour ce qu'il est: un art collectif et intime à la fois.

Le plus triste, c'est peut-être de découvrir que l'on devient vieux quant on prend conscience du décalage entre sa propre culture et celle du présent. Mais tout est relatif: le doodle de Dickens subit le même traitement inadéquat, mais avec cette fois une esthétique plus que discutable. Pauvre Dickens: Truffaut n'est finalement pas si mal loti. Son mystérieux doodle est pour le mieux superbe.