lundi 25 juillet 2011

Il n'est jamais trop tard....

Cette affiche de film m'a interloqué. Voir Tom Hanks et Julia Roberts riants aux éclats sur fond bleu et cheveux au vent, avec ce titre "Il n'est jamais trop tard", m'a paru incongru. Je sais que le film part d'un bon sentiment, et qu'il surfe sur le thème de la recherche du bonheur (rappellez-vous le film insipide de la même actrice : "Mange, prie, aime"). Mais là, le summum du cynisme est atteint par le marketing du film. Cette affiche semble dire, si vous n'êtes pas heureux, c'est bien de votre faute, bande de clown triste. Le bonheur est un droit au US (inscrit dans la constitution), mais semble devenir depuis peu une obligation, une contrainte sociale passablement naïve.



Tentons de lutter devant cette déferlante de bon sentiments qui poussera encore plus de gens vers le suicide. Car à force d'instaurer une dictature du bonheur (en lieu et place d'un simple droit), beaucoup de personne basculeront vers le désespoir d'être simplement et normalement heureux. Ne vous laissez pas faire, résister, et exiger un minimum de droit à ne pas être heureux. A trop se baigner dans le bonheur imposé, le risque de noyade n'est pas loin.


Voici le sous-titre que mériterait cette affiche:
"Il n'est jamais trop tard......
quant on est beau, riche, célèbre, et en bonne santé"








Précurseurs du « cloud »

Comme souvent en informatique, les nouvelles tendances sont inspirées par d’anciennes technologies. Voici quelques précurseurs du « cloud computing ».

Groupware, cluster de serveur, ASP

Le terme « cloud » est actuellement galvaudé par un usage intensif. On en arrive même à affubler du terme « cloud »d’anciennes technologies pour faire du neuf avec du vieux. Prenons l’exemple des « groupwares » (logiciels collaboratifs des années 90) comme par exemple l’antédiluvien Lotus Notes. Il s’agit d’une longue liste de logiciel permettant de réaliser ce que l’on appelait il y a encore peu de temps un « workflow » (encore un mot disparu dans le cimetière des mots informatiques disparus). Et bien tous ces « groupwares » sont maintenant partie prenante des « private cloud ».
Idem pour se que l’on appelle depuis si longtemps, le cluster de serveur, technologie ancienne permettant d’associer plusieurs serveurs à une seule tâche pour augmenter la puissance ou mutualiser cette dernière. La virtualisation est une version plus moderne mais identique dans son principe. Là aussi, on parle dorénavant de ‘cloud’ dès que ces systèmes sont présentés, alors que ces ‘data-center’ ou autre ‘ferme de serveur’ existe depuis les premiers jours d’internet.
Un autre concept à signaler est repris par la mode du ‘cloud’, l’ASP (Application Service Provider), ancien synonyme de ce que l’on nôme aujourd’hui SaaS (Software as a Service). Toutes ces références (et bien plus encore) démontrent que le cloud n’a rien inventé, mais a simplement renommé une invention marketing que certain considère même comme un piège comme Richard Stallman par exemple ou le PDG d’Oracle en 2008 et qui a déclaré :
" La chose intéressante à propos du cloud computing et que nous avons redéfini le cloud computing pour inclure tout ce que nous faisions déjà. L'industrie informatique est la seule industrie à être aussi sensible à la mode, plus que la mode féminine. Peut-être que je suis idiot, mais je n'ai aucune idée de ce dont on parle. Qu'est-ce que c'est ? C'est du vrai charabia. C'est fou. Quand cette idiotie va-t-elle s'arrêter ? "

Slingbox, l’une des premières applications « personal cloud »

Depuis 2005, une société américaine a popularisé aux US une nouvelle manière de consommer la télévision, usage tellement populaire que le nom de cette société est devenu un nom commun : Slingbox. Avant la slingbox, la télévision par câble était un service confiné à un écran unique lui-même dédié à une seule pièce de la maison. Regarder une finale de baseball diffusée sur une chaine cryptée devait se faire en un lieu unique et en un temps précis. Cette société a inventé un matériel permettant de s’affranchir de cette contrainte : pouvoir jouir de ce service en tout lieu en toute circonstance. On pouvait avec ce nouveau dispositif profiter de toutes ses chaines cryptées dans toutes les pièces de sa maison, mais également en dehors de sa maison, à l’étranger par exemple grâce aux réseaux disponibles (internet, data mobile, wifi, etc…) et à travers tous terminaux pouvant afficher de la vidéo (smartphone, iphone, PC, etc…). Le petit boitier slingbox connecté à son décodeur permet ainsi à son propriétaire de voir la chaine de son choix à travers un simple navigateur internet ou une application spécifique à certains terminaux smartphones, et permet aussi d’enregistrer et de diffuser ensuite à la demande ses émissions préférées. Et tout cela en s’adaptant dynamiquement à la capacité du terminal de restitution, et aux réseaux de donnée utilisé (internet, wifi, data mobile, etc..). Cette philosophie est à la base du personal cloud : pouvoir jouir en tout lieu et toute circonstance de service habituellement réduit à un seul matériel et à un seul lieu.

La freebox

A noter que la Freebox en France a popularisé un usage de la télévision comparable, soit nativement (enregistrement à distance, multi écran sur son réseau privé), soit en ouvrant ses API pour permettre un développement d’applications comparables. Elle contient les germes de ce que le personal cloud détient de plus intéressant, car à la porté du plus grand nombre pour un coût défiant toute concurrence.

Le cloud computing: grandeur et décadence des promesses d’un nouveau Web 2.0

Pour bien comprendre, il faut préalablement expliquer ce que signifie le concept fondateur, à savoir le « cloud computing ». Voici une introduction rapide des avantages et inconvénients de ce concept. Chaque nouvelle tendance apporte son lot de nouvelles valeurs. Ces valeurs, même si elles ne sont pas novatrices, recèle une force symbolique qu’il est nécessaire d’étudier pour comprendre le principe de ce concept.

Grandeur
Les promesses du « cloud computing » sont si charmeuses, qu’elles pourraient incarner la promesse historique (le graal en d’autre terme) de tout système informatique : faire plus avec moins.Voici une liste synthétique de ces promesses :


  • Simplification => accès et usage facile à utiliser

  • Multi-canal => identique quelque soit l’OS (operating system) ou le terminal

  • Nomade => pas de contrainte géographique

  • Économique => les ressources sont mutualisées

  • Sécurité => les données sont fortement sauvegardées

  • Réactivité => installation et licence instantanées

  • Hautement collaboratif => on s’affranchie des soucis réseaux et logiciel

  • Facturation à l’usage => nul besoin d’investir lourdement pour débuter

Le florilège des promesses associées à ce nouveau concept peut s’apparenter à une lettre au père Noël qu’aurait écrit un DSI en fin d’année après une nuit bien arrosée. Autant le concept du Web 2.0 a fait long feu par l’abus d’idées abstraites et difficiles à convertir en avantages concrets, autant le « cloud » parvient à captiver les esprits les plus pragmatiques. Mais comme en toute chose, une série d’inconvénients existe.

Décadence
Le monde de l’information toujours en mouvement ne parvient pas à se contenter de capitaliser les concepts déjà en place, mais recherche constamment à reconstruire l’existant. Les SI, les clients, les commerçants, la société, et internet en général exigent d’avoir régulièrement une révolution à envisager. Il n’est pas impossible que le « cloud » soit l’un de ces concepts porteurs mais éphémères, que de nombreux acteurs de l’informatique et de l’internet porte au pinacle pour vendre toujours plus de services et de produits. Pour étayer cette thèse, voici une série d’écueils que le « cloud » représente aux yeux du grand public :


  • Dématérialisation => Renoncer à une représentation physique des choses est toujours difficile

  • Globalisation => fonctions et fournisseurs banalisées, les spécificités nationales sont gommées

  • Respect de la vie privée => le mythe de Big Brother

  • Moins de concurrence => les investissements nécessaires réduisent les acteurs

  • Innovation => les contraintes techniques brident les fonctions

  • Bridage off-line => obligation d’être connecté pour profiter de toutes les fonctions

  • Beaucoup de marketing => promesses parfois abstraites

  • La peur du « big bug » => gmail a expérimenté dernièrement une série de petits bugs.

L’internet lui-même n’est pas à l’abri d’une grand-mère géorgienne armée d’une pioche (l’Armenie fut privé d’internet le 28 mars dans ces circonstances)
Il faut ajouter un écueil important mais moins évident : la fausse promesse d’économie de ressource. Le cloud est théoriquement conçu pour optimiser les ressources humaines (en termes de développement et de maintenance), et en termes d’énergie (technologie verte). Ces deux points sont malheureusement faux dans la plupart des cas, car les ‘fermes de serveurs informatiques’ (data-center pratiquant massivement la virtualisation logicielle) des grands groupes comme Google consomment en réalité des quantités dantesques d’énergie, car ces systèmes sont construit pour répondre pendant toute la journée à 2 ou 3 fois le pic d’usage d’une journée, ces pics étant eux-mêmes très chaotiques, et donc très supérieurs à la consommation moyenne. On estime à 10W (une heure d’ampoule basse consommation) la consommation électrique dédiée à une simple recherche google. De plus les ressources humaines mis en jeux sont difficiles à rentabiliser dans la plupart des cas, sauf pour les plus grands acteurs de l’internet (ebay, amazon et autre facebook). Pour les autres (la très grande majorité), l’investissement important et de la maintenance continuelle que cela implique peuvent s’avérer ruineux.

En résumé :
ne pas oublier les fondamentaux avant de se lancer dans le « cloud ». Le brouillard du vaporware n'est jamais très loin quant on parle de cloud.

Le cloud, le nouveau brouillard du Web

Un peu d'éthymologie
Le terme est apparu en 2006 lors d’une intervention de Google. Amazon semble être le premier à avoir commercialisé le concept avec AWS (Amazon Web Service). Depuis ce terme a enflammé les esprits pour devenir l’adjectif incontournable pour toute solution informatique, qu’elle soit à usage privé ou professionnel. Chaque produit informatique possède dorénavant sa version ‘cloud’. Le ‘cloud’ est donc devenu un terme générique pour désigner une solution logicielle exploitée sur plusieurs machines à la fois. Même si le ‘cloud’ (nuage) est souvent utilisé dans le sens ‘dématérialisé’, il faut prendre conscience que c’est tout le contraire dans la réalité, car au lieu d’héberger un service logiciel sur une ou deux machines, un logiciel ‘cloud’ sera exploité sur des dizaines et des dizaines de machines, ce qui rend le logiciel en question d’autant plus ‘concret’ que sa modeste version ‘classique’. Le cloud est plutôt à considérer dans le sens ‘insaisissable’, comme peut l’être un nuage dans le ciel, lointain et gazeux.

Les trois P
On peut découper le ‘cloud’ en 3 grandes familles :
-Public => à destination du grand public
-Private => pour une utilisation réservée à une entreprise
-Personal => pour un usage domestique
(Désolé pour le franglais parsemant cette présentation)
Comme toute bonne segmentation, ce découpage n’est pas réellement étanche, mais permet de distinguer par l’usage trois familles et trois philosophies. La première est celle qui est à l’origine du concept, qu’Amazon à industrialisé et que Google a popularisé. Le grand public utilise constamment cette famille « public » avec les produits Google ou Microsoft. Tous les grands logiciels ont créé une version de leurs produits pour s’adapter à ce nouveau concept.
La famille ‘Private’ est en revanche une simple adaptation des SI d’entreprise au concept du « cloud ». Ce domaine recèle un gisement de CA très important pour toute bonne SSII qui se respecte. Tous les moyens sont bons pour convaincre les DSI (directeur de SI) qu’il est urgent d’investir dans une nouvelle technologie. La troisième famille ‘Personal’, dernière déclinaison en date, est abordée dans le paragraphe suivant.